« Allo Cétacés ! »
Première étude d’impact en acoustique réalisée en Polynésie française,
sur le dauphin à long bec (Stenella longirostris)
Réalisée pour la Direction de l’environnement de la Polynésie française
Mots clés :
Stenella longirostris, acoustique, langage, pressions anthropiques, gestion, Polynésie française
Résumé :
A l’instar de nombreux pays, la Polynésie française connaît une croissance exponentielle des activités éco-touristiques de whale and dolphin-watching.
En effet, selon une étude réalisée par Agnès BENET (Evolution du whale-watching en Polynésie française de 2008 à 2015), le nombre de bateaux de professionnels de whale/dolphin-watching, répartis entre Tahiti, Moorea, Bora Bora et Rurutu a été multiplié par 4 entre 2008 et 2015, principalement à Moorea et Tahiti. Le nombre de passagers à bord a été multiplié par 2, ce qui augmente considérablement le nombre de nageurs autour des cétacés.
A cela, il faut ajouter les bateaux et les jets-skis des plaisanciers de loisir qui naviguent parfois uniquement pour observer les baleines et les dauphins, lesquels sont très près des côtes, dans les baies ou dans les passes pour se protéger des prédateurs, se reposer ou se sociabiliser.
Forte de cette nouvelle économie, la Polynésie ne peut négliger l’existence d’une pression anthropique croissante observée depuis ces dernières années.
Le dérangement dans l’eau ou sur l’eau amène parfois les animaux à modifier leur comportement, pouvant induire une dépense énergétique accrue, ou à devoir regagner le large, ce qui les place en situation de danger vis-à-vis de leurs prédateurs, notamment pour les nouveau-nés.
En effet, le whale/dolphin-watching intervient en Polynésie non seulement lors de la migration des baleines à bosse venant pour s’y reproduire, mettre bas et se reposer, mais également tout au long de l’année dans les secteurs régulièrement fréquentés par les delphinidés notamment les dauphins à long bec, sédentaires dans les baies et les passes..
A l’heure actuelle, nous ne connaissons pas avec précision tous les effets d’une pression liée à la présence rapprochée de bateaux d’observation et de nageurs près de ces animaux notamment en phase de reproduction et d’allaitement. Cependant, plusieurs études dans le monde ont montré qu’une pression trop importante peut provoquer un changement de comportement des animaux observés.
A ce jour, aucune étude n’a encore été réalisée en Polynésie française alors même que ce pays est l’un des rares à autoriser la mise à l’eau en présence de mammifères marins. C’est pourquoi, nous proposons d’approfondir nos connaissances en matière d’impacts anthropiques à court et moyen terme sur ces espèces protégées, notamment en période de reproduction et de repos.
L’objectif final de ce programme de recherche est de limiter voire de supprimer, si possible, les pressions anthropiques autour des cétacés.
Pour cela, nous mettons en place des études scientifiques venant enrichir le programme de communication et d’observation « C’est Assez ! ». Ces recherches font intervenir de nouvelles méthodes d’études telle que la bioacoustique et la création d’un éthogramme (catégorisation systématisée des comportements).
« Allo Cétacés ! » décrypte le langage du dauphin pour mesurer et enregistrer précisément quels sont les facteurs environnementaux naturels et humains qui perturbent et stressent les dauphins à long bec. Les pressions anthropiques (humaines) ainsi enregistrées seront présentées publiquement afin de sensibiliser les usagers de la mer et dans l’avenir, réduire le stress, si tous les Acteurs jouent le jeu…