«

»

Les secrets de vie des baleines dévoilés par leur « bouchon d’oreille »

Des chercheurs américains ont pu retracer le ’profil chimique’ d’une baleine bleue au cours de toute son existence – variations hormonales, impact de la pollution, etc. – en analysant le cérumen accumulé dans ses « oreilles ». Une nouvelle approche très prometteuse…

Pour obtenir des données sur la physiologie des baleines et notamment sur les divers polluants auxquels elles sont confrontées dans la mer, les biologistes ont coutume d’analyser la graisse de ces animaux, qui accumule les composés chimiques de l’environnement. Mais cette méthode ne livre qu’un instantané de la situation – au moment du prélèvement – et non un historique pour toute la durée de vie du cétacé.

Des chercheurs de l’Université Baylor au Texas ont innové en portant leur attention sur le cérumen que ces cétacés accumulent, au fil des ans, dans leurs canaux auditifs et qui incorpore (définitivement) certains composés chimiques internes et externes. Un peu comme une ‘carotte’ de matériau prélevée dans le sol ou la banquise, un de ces ‘bouchons d’oreille’ (de 25 cm !), prélevé sur le corps d’une baleine bleue tuée par sa collision avec un bateau en Californie en 2007, vient de fournir une véritable ‘biographie chimique’ de l’animal.

Des informations sur l’âge et les hormones

« Les scientifiques, dans le passé, ont utilisé cette matrice cireuse comme un outil d’évaluation de l’âge, un peu comme on compte les cernes d’un arbre », explique Sascha Usenko, un des membres de l’équipe. À raison de deux couches de cérumen qui se forment chaque année, la baleine étudiée – un mâle de 21 m de longueur – était ainsi âgée de 12 ans au moment de sa mort. Mais l’échantillon a livré bien d’autres informations, à commencer par les taux d’hormones aux différents âges du mammifère. Ainsi, le niveau de cortisol, l’hormone du stress, a augmenté au fil du temps, probablement à mesure que l’animal était confronté à des expériences stressantes : sevrage, migrations, perturbations sonores… Le taux de cortisol grimpe plus nettement lorsqu’apparaît un pic dans le niveau de testostérone, entre 9,5 ans  et 10,5 ans : l’âge de la maturité sexuelle, avec son cortège d’interactions sociales et de compétition.

16 polluants découverts

D’autre part, les chercheurs ont trouvé dans cette cire d’oreille, dans les couches formées lorsque le cétacé avait moins de 1 an, des traces de pas moins de 16 polluants, dont des pesticides et des retardateurs de flamme aujourd’hui interdits, mais présents dans l’océan à l’époque où la mère de ce mâle était gravide et durant la période d’allaitement : les contaminants, stockés dans l’organisme de la femelle, ont été transmis au baleineau.

Les scientifiques suggèrent que ce type d’étude pourrait s’étendre aux échantillons de cérumen de baleine détenus par les muséums depuis, parfois, les années 1950 : un moyen d’évaluer l’évolution de la pollution dans les océans. « Trafic maritime, bruit dans l’environnement, changement climatique, contaminants… : maintenant, nous sommes en mesure de fournir des réponses définitives en analysant les bouchons de cérumen des baleines », conclut ainsi Sascha Usenko.

En savoir plus : http://www.maxisciences.com/baleine/les-secrets-de-vie-des-baleines-devoiles-grace-a-leurs-039-bouchons-d-039-oreilles-039_art30823.html
Copyright © Gentside Découverte – Publié par Frédéric Belnet , le 20 septembre 2013